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Nous parlons depuis les ténèbres : l’horreur féminine et francophone

Bonjour tout le monde ! Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de ma dernière lecture dans le cadre de mon Pumpkin Autumn Challenge. Il s’agit du recueil de nouvelles horrifiques Nous parlons depuis les ténèbres.

Titre : Nous parlons depuis les ténèbres

Autrices : Estelle Faye, Floriane Soulas, Lizzie Felton, Cécile Guillot, Morgane Caussarieu, Barbara Cordier, Louise Le Bars, Aurélie Wellenstein, Morgane Stankiewiez, Micky Papoz

Editeur : Editions Goater

Pages : 240

Ce recueil composé de dix nouvelles inédites aborde plusieurs facettes du genre depuis le body horror jusqu’au gothique maritime, en passant par le fantastique amer et l’angoisse contemporaine, le gore ou encore la réécriture horrifique de contes.

Je me suis procurée ce recueil dès son lancement à L’Ouest Hurlant. Déjà, parce que la littérature de genre, notamment le sombre et l’horrifique, m’attire de plus et je me tâte en tant qu’autrice pour l’aborder davantage. Mais aussi parce que je rejoins totalement la volonté d’Estelle Faye (directrice de l’ouvrage) de mettre en avant ces histoires doublement sous-estimées en France : parce que l’horreur n’est pas encore prise au sérieux (comme l’imaginaire d’ailleurs), mais aussi parce que ces récits sont écrits par des femmes. Le genre gothique a pourtant était propulsée par des romancières (je vous invite d’ailleurs à écouter l’épisode de mon podcast consacré au sujet), alors il est temps de redonner à ces genres de l’ombre leurs lettres de noblesse.

Parmi les autrices qui composent ce recueil (elles sont toutes citées plus haut), je connaissais déjà les plumes d’Estelle Faye, Floriane Soulas et Cécile Guillot. J’ai dans ma PAL des romans de Lizzie Felton, Louise Le Bars, Aurélie Wellenstein et Morgane Stankiewiez, donc j’ai pu me faire avant un goût de leurs univers. Je voulais aussi découvrir Morgane Caussarieu. Par contre, je ne connaissais pas du tout Barbara Cordier et Micky Papoz alors que je suis heureuse d’avoir pu les découvrir grace à ce recueil.

Petite sœur des fauves – Aurélie Wellenstein

C’est donc la première fois que je découvrais cette autrice (Le Désert des Couleurs est dans ma PAL). Comme je savais qu’Aurélie Wellenstein peut écrire de la dark fantasy assez sombre, je m’attendais à un récit beaucoup plus horrifique, mais je l’ai trouvé au final assez soft. Je m’attendais aussi à une chute (caractéristique de la nouvelle) qui n’est pas venue, car finalement la fin est assez attendue. Mais j’ai adoré l’univers esquissé dans ce texte et j’espère même que l’autrice le développera un jour dans un roman car il a beaucoup de potentiel.

Un arrière goût d’éternité – Morgane Caussarieu

Ici, l’autrice revisite le mythe de la sirène. J’ai aimé son interprétation de la créature et j’ai hâte de découvrir ses romans où elle se penche sur le loup-garou et le vampire.

Isadora – Micky Papoz

Le texte le plus court, mais l’un qui exploite le mieux le format de la nouvelle. C’est l’un de mes préférés et je suis ravie d’avoir pu découvrir cette autrice. Je ne peux pas vous spoiler le mythe revisité car cela gâcherait la chute, mais c’est une approche qui m’a surprise autant qu’elle m’a enchantée.

Val d’errance – Lizzie Felton

Ma première découverte de la plume de Lizzie et quel plaisir ! J’ai beaucoup apprécié l’ambiance et le rythme ponctué par des temporalités : le passé et le présent. Les deux se mêlent pour faire monter la pression crescendo.

Âmes Sœurs – Louise Le Bars

Mon coup de coeur du recueil ! J’ai adoré cette revisite à la fois magnifique et horrifique du concept des âmes sœurs, sublimée par la magnifique plume de l’autrice. Rien que le concept de ces voleurs d’âmes est poétique et illustre à merveille comme l’amour peut tout nous ravir.

Planète 9 – Floriane Soulas

De base, je ne suis pas très SF mais j’ai adoré m’enfermer dans ce vaisseau spatial pour un huis-clos horrifique. Là aussi, l’autrice joue avec les temporalités pour faire monter le suspens, les révélations se succédant pour faire monter l’horreur. Attention ! Dans l’espace, personne ne vous entendra crier…

La Boutique – Barbara Cordier

Ce texte n’est pas aussi horrifique que ça, mais il a marché sur moi car il met le doigt sur un élément particulier qui me mel mal à l’aide : l’aliénation, la perte d’humanité ou comment des êtres civilisés peuvent sombrer dans le violence la plus animale. L’autrice instaure un sentiment de malaise croissant, notamment grâce à son personnage principal à la moralité ambigüe.

Pas de deux avec les ténèbres – Cécile Guillot

Quel plaisir de retrouver la plume de Cécile ! Ici, elle nous plonge dans le milieu de la danse, à travers une narratrice qui se laisse envahir par les ombres. J’ai adoré la chute.

Tu aimes les enfants – Morgane Stankiewez

Sûrement la lecture la plus éprouvante du recueil, sans doute la plus horrifique aussi. Car l’autrice a choisi une horreur possible. Réelle. Et c’est ce qui l’a rend si insoutenable. Attention, soyez averti : cette nouvelle aborde le thème de la pédophilie et la violence sur enfants. Vous serez confrontés de face. Ce n’est pas une narration à la 1ere personne comme dans le Lolita de Nabokov, mais bien pire. Une narration à la 2e personne du singulier qui force une identification avec le personnage abject.

La célébration de la mer – Estelle Faye

Ce texte s’enchaine merveilleusement bien avec le précédent puisqu’il lui répond dans ses thématiques, mais apporte une réponse satisfaisante aux frustrations de Tu aimes les enfants. Ici, la parole est donnée à une victime. Il y a un côté cathartique dans la vengeance, même si celle-ci se fait par d’horribles châtiments.

Et vous, avez-vous lu ce recueil ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ?

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