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Nous avons toujours vécu au château – Shirley Jackson : vous prendrez-bien de l’arsenic en dessert ?

Bonjour tout le monde ! Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de ma dernière lecture. Il s’agit de Nous avons toujours vécu au château de Shirley Jackson. Ce roman a été lu dans le cadre de mon Pumpkin Autumn Challenge.

Titre : Nous avons toujours vécu au château

Autrice : Shirley Jackson

Editeur : Rivages Noir

Pages : 235

« Je m’appelle Mary Katherine Blackwood. J’ai dix-huit ans, et je vis avec ma sœur, Constance. J’ai souvent pensé qu’avec un peu de chance, j’aurais pu naître loup-garou, car à ma main droite comme à la gauche, l’index est aussi long que le majeur, mais j’ai dû me contenter de ce que j’avais. Je n’aime pas me laver, je n’aime pas les chiens, et je n’aime pas le bruit. J’aime bien ma sœur Constance, et Richard Plantagenêt, et l’amanite phalloïde, le champignon qu’on appelle le calice de la mort. Tous les autres membres de ma famille sont décédés. »

J’ai découvert Shirley Jackson l’année dernière avec la lecture de son envoûtant et terrifiante The Haunting of Hill House (même si j’étais déjà familière avec son œuvre puisque que j’avais adoré son adaptation sur Netflix). J’avais aussi beaucoup aimé sa nouvelle La Loterie. Je m’étais donc réservé Nous avons toujours vécu au château, son autre roman le plus célèbre, pour cet automne. Et le charme a opéré une nouvelle fois.

Comme dans The Haunting, nous sommes également dans un huis-clos. Mary-Katherine Blackwood, sa sœur aînée Constance et leur vieil oncle Julian vivent reclus dans leur vieux manoir. Constance ne l’a pas quitté depuis 6 ans, souffrant d’une forme d’agoraphobie. Julian est en fauteuil roulant et commence à perdre la tête. Seule Mary-Catherine, surnommée Merricat, sort deux fois par semaine au village pour faire les courses et passer à la bibliothèque…

Mais que s’est-il passé 6 ans plus tôt ? Un soir de dîner, la majeure partie de la famille Blackwood est morte empoisonnée. De l’arsenic avait été mis dans le sucrier, le dessert fut donc fatal. Oncle Julian a survécu de peu (mais est resté paralysé), Constance ne mettait pas de sucre sur ses mûres, tandis que Merricat était dans sa chambre, privée de dessert. Constance, qui a préparé le dîner, a été accusée, avant d’être acquittée.

La force de ce roman, c’est sa façon d’installer le malaise sans aucun élément surnaturel. C’est une autre forme de hantise qui perturbe les lecteurs. Constance est-elle réellement coupable ? Que s’est-il vraiment passé ce soir-là ? Il y a un décalage entre les meurtres survenus 6 ans plus tôt et l’ambiance qui règne dans la famille. Constance est si douce, si fragile. Bref, elle a tout d’inoffensif. Pourtant, on sent tout de suite que quelque chose cloche dans cette maison où les survivants vivent reclus.

Et l’extérieur n’est pas mieux, puisque les habitants du village détestent les Blackwood. Ils sont devenus de vraies parias, à cause des soupçons qui pèsent sur Constance, mais aussi à cause d’une vieille jalousie pour cette riche famille. D’ailleurs, la menace viendra de là. L’intrus : Charles Blackwood, un couin venu leur rendre visite et qui viendra perturber leur étrange équilibre.

Le tout est narré par Merricat une narratrice non fiable comme je les adore dont le point de vue, enfantin et détaché, saupoudre le tout d’un goût acide et déstabilisant. Merricat a 18 ans, pourtant elle se comporte encore comme un enfant. Elle a une relation fusionnelle avec sa sœur, qu’elle veut protéger du monde extérieur. Elle est superstitieuse, se croit un peu sorcière et passe son temps à enterrer des objets pour se protéger du mauvais œil. Mais Merricat peut se montrer trop protectrice, rancunière et détachée des idées cruelles. C’est la force principale de l’œuvre, celle qui m’a souvent perturbée tout autant qu’elle me fascinait.  

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