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Wicked – Gregory Maguire

Bonjour à tous ! Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de ma dernière lecture. Il s’agit de Wicked – La véritabe histoire de la Méchante Sorcière de l’Ouest de Gregory Maguire, une réécriture du Magicien d’Oz centrée sur son antagoniste principal.

Titre : Wicked

Auteur : Gregory Maguire

Editeur : Bragelonne

Pages : 494

Dans Le Magicien d’Oz, le grand classique de L. Frank Baum, Dorothy triomphe de la Méchante Sorcière de
l’Ouest… mais nous ne connaissons qu’une partie de l’histoire. Qu’en est-il de son ennemie suprême, la mystérieuse Sorcière ? D’où vient-elle ? Comment est-elle devenue si méchante ?
Avec Wicked, Gregory Maguire crée un monde fantastique si riche et si vivant que nous ne verrons plus jamais le Magicien d’Oz avec les mêmes yeux.

Voilà un roman qui trainait dans ma PAL depuis des lustres ! Le Pumpkin Autumn Challenge fut enfin l’occasion de l’en sortir. Du Magicien d’Oz, je ne connaissais que le célèbre film de 1939. De Wicked, je ne connaissais que la comédie musicale qui l’a adapté. C’est donc en tant que novice que je me suis plongée dans le monde d’Oz, à la rencontre la Méchante Sorcière de l’Ouest.

Il est bien connu que pour un roman réussi, il faut un protagoniste réussi. D’autant plus quand l’œuvre est présentée comme une sorte de biographie fictive de la Méchante Sorcière de l’Ouest, antagoniste emblématique de la pop culture. Le pari est gagné. Elphaba gagne ici un nom, une histoire, des sentiments. Elle n’est plus cette caricature hideuse et sans âme, une simple menace pour Dorothy, un obstacle sur son chemin. Non, Elphaba est un personnage entier que l’on suit de sa naissance jusqu’à sa mort. Une héroïne imparfaite, pleine de nuances, que l’on voit évoluer aux différentes étapes de sa vie. Comment d’une enfant mal aimée par ses parents, elle a su s’épanouir dans sa solitude. Comment d’une jeune fille marginale et moquée, elle a su s’entourer d’amis à l’université. Comment par ses choix d’adulte, elle va de nouveau s’enfermer loin de ceux qu’elle aime. Et comment, Elphaba Thropp va devenir la Méchante Sorcière de l’Ouest, à cause d’elle-même et malgré elle-même.

Par ces différentes Elphaba, je pense que chaque lecteur aura sa période préférée. Pour ma part, il s’agit des années à l’université où Elphaba fait la connaissance de Glinda, Boq, Fiyero et toute la bande, tout un groupe de personnages secondaires et uniques en leur genre. Il se dégage de ces chapitres une certaines insouciance, propre à nos années de lycée et de fac, où plane déjà une menace sous-jacente : celle de l’âge adulte, des responsabilités face à la montée du fascisme. Qui osera se rebeller ? Qui préférera se taire ?

Je n’utilise jamais le mot « humaniste » ou « humanitaire », car il me semble qu’être humain, c’est être capable des pires crimes de la nature.

Tout d’abord, c’est à travers ce groupe d’amis que nous recroiseront le chemin d’Elphaba à l’université. Glinda, Boq et Fiyero sont les points de vue de plusieurs chapitres, et j’ai aimé cette approche. A travers le prisme de leurs yeux, nous découvrons les différentes facettes d’Elphaba. Après un événement marquant que je ne vous spoilerai pas, le roman prend un large tournant, subit une ellipse, à l’issu de laquelle nous nous retrouvons cette fois du point de vue d’Elphaba lorsqu’elle part en voyage à travers Oz. J’ai trouvé cette seconde partie plus lente, moins intéressante, et c’est ce changement dans le rythme et mon intérêt qui explique pourquoi ce roman n’a pas été un coup de cœur. Il n’en reste pas moins une œuvre solide, loin de la saveur plus acidulée de son adaptation à Broadway. Cette dernière est plus édulcorée, passant outre de nombreuses dénonciations de l’auteur. 

Gregory Maguire a su se réapproprier le pays d’Oz pour en faire un univers complexe et vivant. Ici, vous avez un récit de fantasy qui n’est pas basé sur le folklore européen comme pour les œuvres les plus connues, mais typiquement sur une culture nord-américaine, par ses paysages et les peuples qui y sont dépeints. Il lui insuffle également une certaine gravité, un contexte géopolitique qui fait basculer Wicked dans des thématiques plus sombres. Fini le livre pour enfants ! Le roman aborde la question du racisme et de la ségrégation, le tout mêlé à une violence sous-jacente qui peut faire froid dans le dos. Elphaba n’est pas seulement une « sorcière », elle est d’abord une jeune femme qui se rebelle face à la montée d’un tyran, quitte à sombrer elle-même dans la violence de l’anarchie. Concernant le véritable adversaire, on est loin du Magicien d’Oz de la comédie musicale. Celui du roman est une réelle ordure, si je peux rester polie. Certaines scènes pourraient donc choquer des lecteurs trop jeunes, sans parler des sous-entendus sexuels (jamais rien trop explicites) assez dérangeant (viol et zoophilie par exemple).

Wicked est donc une réécriture intelligente du Magicien d’Oz qui ajoute une touche de modernité dans ses thèmes comme dans ses mœurs. Si l’on commence sur un terrain peu familier, l’auteur finit par relier les deux histoires, le prequel se rattachant à l’œuvre original en lui donnant de nouvelles couleurs. Je peux vous assurer qu’après votre lecture, vous ne verrez plus jamais la Méchante Sorcière de l’Ouest de la même façon.

D’autres avis sur Wicked : Butcher Book, Les Lubies d’Eole, Mes carnets de Lectures

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