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Narcisse et Goldmund – Herman Hesse : un roman d’apprentissage sur l’art et l’amour

Bonjour tout le monde ! Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler de ma dernière lecture. Il s’agit de Narcisse et Goldmund du romancier allemand Herman Hesse. Ce classique d’outre-Rhin m’a particulièrement plu, car il a trouvé résonnance en moi par ses thématiques.

Titre : Narcisse et Goldmund (Narziss und Goldmund)

Auteur : Herman Hesse

Editeur : Le Livre de Poche

Pages : 383

Novice au couvent de Mariabronn, Narcisse se distingue par son intelligence et sa culture. On lui confie Goldmund, écolier que son père destine à l’état monastique pour expier le passé tumultueux de sa mère. Narcisse s’attache à cet enfant. Il sent que sa vocation n’est pas le cloître et l’aide à choisir sa voie.

C’est dans le cadre de l’Allemagne du Moyen Age que le romancier Hermann Hesse a situé l’histoire allégorique du moine Narcisse et de l’artiste Goldmund dont la double quête reflète les préoccupations de l’homme, écartelé entre les exigences de l’âme et du corps.

Au cœur de l’Allemagne du Moyen-Âge, un jeune garçon nommé Goldmund entre dans un monastère, laissé par un père semblant désireux de s’en débarrasser. C’est là qu’il fait la connaissance du jeune moine Narcisse, son professeur, un être plein de sagesse avec qui il développera une profonde amitié. C’est d’ailleurs grâce à Narcisse que Goldmund comprendra qu’il n’est pas fait pour la vie monastique. Il partira donc en quête de son destin sur les routes d’Allemagne où il sera confronté aux passions, aux muses, mais aussi à la mort.

J’ai vraiment apprécié ce classique de la littérature allemande dont le titre est judicieusement trouvé. La relation entre Narcisse et Goldmund est pure et sincère, un véritable amour platonique reposant sur la confiance et la compréhension de l’autre. Entre les deux hommes, il n’y a jamais aucun jugement. Narcisse et Goldmund sont des parfaits opposés, c’est pourquoi ils se complètent et se comprennent parfaitement. L’un est le savant, l’autre l’artiste. L’un représente le savoir et la raison, l’autre l’âme et le cœur. Ainsi, chacun retrouve dans l’autre une part qu’il admire, mais que lui-même ne pourra jamais trouver.

La seule paix qui soit est celle qu’il faut conquérir toujours et toujours par un incessant combat et reconquérir sans cesse. 

Herman Hesse dresse un magnifique roman d’apprentissage, sublimé par sa plume glissante, pleine de mélodie, de tristesse et de beauté. Sur les routes traversées par Goldmund, il nous conte les paysages des forêts et des campagnes, la vie des paysans et des vagabonds, les passions amoureuses aussi belles qu’éphémères, mais aussi les horreurs de la peste impitoyable, qui prend tout et ne laisse rien, pas mêmes les innocents.

C’est ainsi que Goldmund va grandir et traverser différentes étapes de sa vie. Le jeune adolescent qui part à l’aventure plein d’espoir dévore littéralement la vie. Il va enchainer les conquêtes amoureuses auprès des femmes qu’il séduit par son visage d’ange, sorte d’Apollon allemand dont l’innocence fait le charme. Puis il y aura l’amour impossible avec une jeune noble, celui qu’on rêve mais qu’on ne peut jamais assouvir, qui restera un regret revenant le hanter. Enfin, la passion deviendra un risque, une perte, un présage de mort. Pourquoi cet enchainement sans fin, sans jamais se fixer, sans jamais trouver le repos et la prospérité même quand un riche protecteur finit par les lui offrir sur un plateau d’argent ? Car le but de Goldmund n’est pas atteignable. Le véritable amour de sa vie, c’est la mère qu’il a perdue enfant, cette femme dont son père avait honte, que lui-même avait un temps oubliée et qui, quand il s’en est souvenue, guidera chacun de ses pas jusqu’à la fin.

Mais comment veux-tu mourir un jour, Narcisse, puisque tu n’as point de mère ? Sans mère on ne peut pas aimer, sans mère on ne peut pas mourir.

La figure maternelle est la muse ultime. Car, rappelons-le, Goldmund est un artiste. Il deviendra sculpteur, peut-être le plus talentueux de tous, mais le souvenir de sa mère perdue le poussera vers un idéal inatteignable, une muse aussi inspirante que fatale. Voilà pourquoi Goldmund ne peut jamais se satisfaire de ce qu’il a, qu’il quitte plusieurs fois un foyer accueillant et en sécurité pour repartir en vagabond sur les routes froides et dangereuses. C’est un personnage dans lequel je me reconnais parfois par ses inspirations artistiques et son rapport au monde, mais aussi un personnage que j’admire par sa capacité à suivre son instinct sur un coup de tête, chose dont je suis incapable. Jamais auparavant, un auteur n’avait aussi bien transmis, poser des mots, sur ces idées et images qui nous incarnent quand elles nous traversent, nous autres créateurs (autrice pour moi, sculpteur pour Goldmund). Et devant sa naïveté enfantine, devenue rêves et tristesse d’adulte, je me suis attendrie.

Narcisse et Goldmund est donc un très beau roman d’apprentissage sur l’art, la quête de l’idéal et la découverte de soi, entre le cœur et la raison, l’esprit et le rêve. Il se conclut sur des retrouvailles et une magnifique histoire d’amour/amitié.

D’autres avis sur Narcisse et Goldmund : Artéplume, Mémoires de livres, Lire le Monde

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